Après trois années de baisse (les pauvres), les rémunérations des dirigeants des 250 premières sociétés cotées à Paris ont augmenté en moyenne de 34 %, selon le rapport annuel du cabinet Proxinvest qui porte sur les salaires de 2010 publiés en 2011. Chaque patron du CAC 40 touche en moyenne 4,1 millions d’euros par an.
Le palmarès des dirigeants français les mieux payés
Ils sont onze patrons a dépassé en 2010 le plafond de Proxinvest de 240 Smic annuels, soit actuellement 4,6 millions d'euros, avec en tête Jean-Paul Agon de L’Oréal (10,7 millions d'euros), le patron de LVMH Bernard Arnault (9,7 millions d'euros) et Carlos Ghosn (Renault: 9,7 millions d'euros). Les suivants sont Bernard Charlès (Dassault Systèmes: 9,5 millions), Franck Riboud (Danone: 7,7 millions), Maurice Levy (Publicis: 6,2 millions), Christopher Viehbacher (Sanofi-Aventis: 6,1 millions). Arnaud Lagardère de Lagardère SCA a une rémunération totale de 4,9 millions d'euros tout comme Henri de Castries d'AXA. Lars Olofsson, patron de Carrefour, affiche 4,8 millions d'euros.
Le grand bond en avant des rémunérations des patrons est sensible aussi chez les présidents exécutifs des 80 autres sociétés de l’indice SBF 120 de la Bourse de Paris qui voient leurs gains dépasser les 2 millions d’euros, soit 31 % d’augmentation.
Si la rémunération de ces présidents exécutifs n’atteint que 50% de la rémunération de leurs collègues britanniques, 70% de leurs homologues italiens, 80% de leurs voisins espagnols, suisses ou allemands, elle est 16% plus élevée qu’en Hollande, en Belgique ou en Irlande et même 150% supérieure à la Scandinavie.
Selon une enquête de l’Ifop parue dans l’Humanité le 11 janvier dernier, 75 % des personnes interrogées se disent plutôt favorables à la fixation par la loi d’un salaire maximal pour les dirigeants d'entreprise "car la rémunération de certains dirigeants de grandes entreprises atteint aujourd’hui des niveaux déraisonnables".
"C'est de l'indécence", a estimé mercredi sur Canal + le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault, interrogé sur ces chiffres publiés mardi par le cabinet Proxinvest. "Quand vous voyez que certaines entreprises suppriment des milliers d'emplois... Les banques vont donner des chiffres qui ne seront pas positifs et pendant ce temps-là, les patronss'augmentent de 34%. Il y a un minimum de décence. Il faut de l'exemplarité, il faut un peu de courage", a-t-il ajouté.